Cathay aux jardins des Lumières

Compte rendu par Daniel Rabreau de l’exposition Cathay aux jardins des Lumières, réalisée sous la direction de CHIU Che Bing (architecte, doctorant au Centre Ledoux) pour l’université de Tongji à Shanghai. Cette exposition peut être visionnée sur le site de HiCSA.

Remercions l’équipe d’accueil de recherche de l’université Paris 1, l’HiCSA (Histoire culturelle et sociale de l’art), qui nous permet de visionner cette exposition, réalisée pour le Centre franco-chinois de l’université de Tongji (Shanghai, R.P. de Chine), sous la direction de CHIU Che Bing, architecte, doctorant au Centre Ledoux.

Problématique de l’exposition

La rencontre exceptionnelle et féconde entre l’art du jardin de la Chine et celui de l’Occident au XVIIIe siècle constitue un fascinant phénomène artistique qu’il convient d’analyser tant au niveau des sources formelles que des motivations profondes.

La lettre, envoyée de Pékin par le père Jean-Denis Attiret, décrivant les « maisons de plaisance » de l’empereur de Chine, et les ouvrages rédigés par Sir William Chambers à son retour du pays qui l’a profondément marqué, vont rencontrer un accueil enthousiaste, et contribuer à répandre l’intérêt pour le fabuleux Cathay.

Ces écrits vont favoriser, en ce milieu du XVIIIe siècle, la construction dans les folies et les parcs à fabriques, de Chartres ou d’Artois, chez M. de Saint-James ou au désert de Retz, les pavillons chinois et les maisons de Confucius, les montagnes artificielles et les grottes souterraines, les kiosques de philosophes et les salons de thé, qui vont illuminer d’un éclat spécifique, ces jardins directement inspirés par l’esprit des Lumières.

Comité scientifique
En France : Mme Monique Mosser, MM. Daniel Rabreau, Thierry Sanjuan, Che Bing Chiu ;

En Chine : M. Jian Zhou

Date et lieu de l’exposition
30 mai – 15 juillet 2008, au centre Franco-chinois de l’université de Tongji, à Shanghaï (République populaire de Chine).

Support de l’exposition

Trente panneaux au format A0 (841 x 1189 mm).


Texte du premier panneau de l’exposition

« Cette exposition illustre la vulgarisation scientifique de l’histoire des jardins et du paysage historique, matière d’enseignement et de recherche du département d’histoire de l’art et d’archéologie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Depuis les origines, dans l’Antiquité, jusqu’à nos jours, l’histoire des jardins en Occident fait partie de l’histoire de l’architecture. Étudiée à travers l’évolution des mentalités et des périodes de la civilisation, elle aborde des spécificités reconnues, comme le jardin italien de la Renaissance, le jardin géométrique « à la française » du règne de Louis XIV, le jardin paysager anglais et son influence sur le continent européen sous la forme du jardin « anglo-chinois », avec ses extensions mondiales au XIXe siècle et son rapport au jardin public dans l’urbanisme du XXe siècle.

La méthode d’approche, pluridisciplinaire, incorpore à l’histoire et à l’histoire de l’art, d’innombrables matières scientifiques : géologie, géographie, botanique, techniques du jardinage, connaissances juridiques, administratives, politiques, symboliques et environnementales, etc. Ces matières sont enseignées dans une formation professionnalisante, le Master 2 « Jardins historiques, Patrimoine, Paysage », en co-tutelle entre l’École nationale supérieure d’Architecture de Versailles et l’Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Créé par Mme Monique Mosser, qui le co-dirige avec Mme Christine Mengin, ce diplôme est au cœur d’un réseau international d’échanges consacrés à la connaissance, à la préservation et à la mise en valeur d’un patrimoine historique vivant et, par essence, fragile. Il forme de jeunes professionnels, tant concrètement sur le terrain, que pour la gestion administrative ou la création, dans le domaine public ou privé. La recherche fondamentale se poursuit à l’Université Paris 1 dans le cadre du Centre Ledoux où sont inscrites les thèses de doctorat dans ce domaine de l’histoire des jardins.

Le commissaire de la présente exposition, M. Chiu Che Bing, architecte, chercheur au Centre Ledoux, est un éminent spécialiste de l’histoire des rapports entre l’image de la Chine et la création des jardins paysagers en Europe. Auteur de nombreuses publications, organisateur de colloques et d’expositions, il consacre ses travaux à une approche culturelle approfondie, et pas seulement stylistique, des textes, des images et des sites. La « chinoiserie » n’y apparaît plus simplement synonyme d’exotisme ou de « pittoresque » aimable, mais elle s’inscrit dans une fascination exploratoire et libertaire propre à l’esprit philosophique des Lumières. Je remercie M. Chiu Che Bing d’avoir accepté la responsabilité de cette exposition qui témoigne d’un certain savoir faire de notre université. C’est un grand honneur de pouvoir soumettre nos résultats au sein même de l’Université Tongji de Shanghai ».

Daniel Rabreau