Daniel RABREAU, « Les nouveaux châteaux de la réaction nobiliaire et seigneuriale. Le mythe de la féodalité et ses conséquences sur l’architecture à la veille de la Révolution »

Cet article est issu de Châteaux et révolutions, Actes du quatrième colloque du Centre de Castellologie de l’abbaye de Flaran (Conseil général du Gers), sous la direction de J.-H. Ducos, professeur au lycée de Lannemezan, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, 1989 (éd. Flaran, 1991), p. 87-110.


Entre le château neuf « à l’antique », aux horizontales maîtresses, paré de colonnes et de pilastres (Versailles et Marly avaient donné le ton, sous le règne du Roi Soleil !) et l’ancienne bâtisse féodale, hérissée de tours, surhaussée de toits pentus et modelée par de multiples ressauts, sous forme de pavillons saillants précédés de fossés: de nouvelles ressources, combinaisons ou inventions formelles, pouvaient-elles traduire les ambitions aristocratiques réactivées par la noblesse qui, à la fin du règne de Louis XVI, allait siéger dans l’Assemblée des Notables, puis aux États-Généraux ? Comme le symbole d’un consensus, vivement espéré en haut lieu, l’architecte des Menus-Plaisirs du Roi, P.-A. Pâris, n’avait-il pas conçu la salle de la seconde assemblée, bientôt le local de l’Assemblée Nationale, à l’image d’un temple ou d’une basilique dont le modèle était Paestum – le nouveau parangon de l’architecture régénérée ? L’opposition nobiliaire, intransigeante sur ses prérogatives, farouchement attachée aux symboles ostentatoires du second ordre de la Nation, qu’elle soit de robe ou d’épée, n’a-t-elle cherché et trouvé chez des artistes à la mode, les créateurs rêvés d’une actualisation de ces symboles, nouvelle conquête pour les uns, anoblis de fraîche date, vertus à réaffirmer visiblement pour les autres, dont la noblesse était réputée immémoriale ?


Article mis en ligne le 16 avril 2010.

© Daniel Rabreau.

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