Retour du voyage dans la Somme

_ Les journées du GHAMU des 15 et 16 juin 2012 dans la Somme se sont terminées par la visite du château de Flixecourt construit dans le dernier quart du XIXe siècle.


_ « Je me représentais un château avec ses toits pointus couverts d’ardoises

et sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierre jaunies… »

Gérard de Nerval, Les Filles du Feu, Sylvie, 1863

Les journées du GHAMU des 15 et 16 juin 2012 dans la Somme se sont terminées par la visite du château de Flixecourt construit dans le dernier quart du XIXe siècle.

Le village, à mi-chemin entre Amiens et Abbeville, fut le fief de Jean-Baptiste Saint qui en 1857 fonda avec ses frères dans la vallée de la Nièvre les usines Saint Frères de filature et de tissage mécanique du jute en provenance de l’Inde pour la fabrication de toile de bâche. L’épopée industrielle de Jean-Baptiste Saint et de sa famille inspira Hector Malot dans son roman En famille paru en 1893.

En 1880, Jean-Baptiste Saint demanda les plans de construction de son château à l’architecte amiénois Paul Delefortrie. Sa mort survenue la même année n’interrompit pas le projet, les travaux furent poursuivis par sa veuve Stéphanie Saint et achevés en 1886. Situé en dehors du village, le château a fière allure. Au milieu d’un grand parc dessiné à la même époque, il domine la vallée de la Nièvre de sa masse « brique et pierre » rythmée par un avant-corps et deux pavillons couronnés de lucarnes ouvragées et de hauts toits indépendants. Le vocabulaire ornemental emprunte à toutes les périodes de l’architecture du Moyen Age au XVIIIe siècle : relief des chaînes de pierre sur les murs de brique, profusion des frontons triangulaires et à volutes, pilastres jumelés à bossages vermiculés, figures féminines aux clefs des fenêtres et couronnant l’avant-corps central pyramidal, à la place des armoiries de l’ancienne noblesse, l’écu frappé de l’initiale « S », symbole de la dynastie.

La même richesse décorative règne à l’intérieur de la demeure dès le hall d’honneur où se déploie un escalier monumental à deux volées droites aux balustres de pierre, portées par des colonnes corinthiennes. Les pièces de réception lambrissées de boiseries sombres se succèdent au rez-de-chaussée, salle de chasse, fumoir, salle de billard, influencées elles aussi par les décors du Moyen Age et de la Renaissance et contrastant avec les seules boiseries claires du grand salon central d’après les modèles du XVIIIe siècle. La salle à manger « Renaissance » en est l’apogée avec son plafond à caissons et sa cheminée monumentale dominée par le portrait en pied de Jean-Baptiste Saint.

Flixecourt est à l’image de son siècle, un château monumental, vivant témoignage des goûts artistiques et de l’éclectisme du Second Empire. Il est aussi ce château nervalien, écho inconscient et poétique de l’image du château « brique et pierre », de son architecture et de son histoire et à ce titre mérite une étude approfondie.

Josiane Sartre

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