La musique face au système des beaux-arts ou les vicissitudes de l’imitation (1690-1803)

Le présupposé de ce colloque, soumis à discussion, est que l’art musical, admis comme objet et partie des beaux-arts, institue lui-même un système de représentation de la nature. Le débat s’appuiera principalement sur la lecture raisonnée des écrits artistiques parus en France depuis la publication du Cabinet des beaux Arts de Perrault (1690) jusqu’à la parution de l’Essai sur le perfectionnement des beaux-arts de Révéroni Saint-Cyr (1803) – qu’ils soient théoriques ou critiques, pour autant qu’ils mettent en jeu la place et le rôle de la musique dans le système des beaux-arts.



COLLOQUE INTERNATIONAL

Mercredi 17 février 2010
Paris, Centre allemand d’histoire de l’art (10 place des Victoires, 75002 Paris)

Jeudi 18 février 2010
Paris, Institut national d’histoire de l’art (2 rue Vivienne, 75002 Paris, salle Vasari, 1er étage)

Vendredi 19 février 2010
Paris, Centre allemand d’histoire de l’art (10 place des Victoires, 75002 Paris)

Depuis la fin du XVIIe siècle – comme l’illustre l’ouvrage de Charles Perrault (1690) – la musique compte parmi les beaux-arts. Une fois mise en système avec la poésie, la peinture, l’architecture ou même la danse, son identité est alors questionnée, son analogie avec les autres arts étudiée, sa spécificité recherchée et sa valeur discutée. Or l’enjeu de ces discussions, aussi bien dans le propos de Batteux, Lacombe, Rousseau, Diderot, Chastellux ou encore Quatremère de Quincy, dépasse le seul intérêt musicologique. Précisément, le présupposé de ce colloque, soumis à discussion, est que l’art musical, admis comme objet et partie des beaux-arts, institue lui-même un système de représentation de la nature ; posé tout d’abord comme référent, il soumet les autres arts à l’épreuve de sa propre spécificité ; pensé encore comme modèle d’une conception particulière du beau, il fournit alors l’instrument d’une appréciation des autres disciplines, met en jeu leur propre statut et leur ordonnance hiérarchique. C’est donc principalement selon un « esprit de système » (qui ne nie pas la singularité des disciplines) que se construit l’identité poétique de la musique au siècle des Lumières, justifiant d’infléchir les frontières cloisonnant aujourd’hui la recherche musicologique, littéraire, philosophique et celle de l’histoire de l’art.

Le débat s’appuiera principalement sur la lecture raisonnée des écrits artistiques parus en France depuis la publication du Cabinet des beaux Arts de Perrault (1690) jusqu’à la parution de l’Essai sur le perfectionnement des beaux-arts de Révéroni Saint-Cyr (1803) – qu’ils soient théoriques ou critiques, pour autant qu’ils mettent en jeu la place et le rôle de la musique dans le système des beaux-arts. Cette perspective se limite au modèle français, tout en considérant l’écho de ces problèmes dans certains ouvrages allemands, italiens et anglo-saxons, lorsqu’ils sont diffusés en France et/ou pris à partie par nos théoriciens français. Tout en privilégiant la relecture d’un corpus de textes théoriques dédiés au système des beaux-arts, la discussion menée au cours de ce colloque tentera également de trouver assise dans une histoire culturelle et sociale, et un contexte de création artistique et musicale ciblés.

Comité scientifique
Markus CASTOR (directeur de recherche au Centre allemand d’histoire de l’art),

Philippe JUNOD (professeur émérite à l’Université de Lausanne),

Christian MICHEL (professeur à l’Université de Lausanne),

Marie-Pauline MARTIN (chercheur au Centre allemand d’histoire de l’art, pensionnaire à l’INHA),

Theodora PSYCHOYOU (maître de conférences à l’Université de Paris IV)

Chiara SAVETTIERI (maître de conférences à l’Université de Pise),

Patrick TAÏEB (professeur à l’Université de Rouen)

Partenariats
Colloque organisé en partenariat avec l’Université de Pise, la Scuola Normale Superiore di Pisa, et l’équipe Patrimoine et langages musicaux de l’Université Paris IV,
en contrepoint des journées organisées en décembre 2009 sur Le comparatisme comme stratégie discursive dans les écrits sur la musique au XVIIe siècle.

Responsables, contact
Marie-Pauline Martin, Chiara Savettieri
musique@dt-forum.org, 01.42.60.67.82 (secrétariat du Centre allemand d’histoire de l’art)

Téléchargez le programme détaillé du colloque

Mercredi 17 février 2010 – Centre allemand d’histoire de l’art, 10 place des Victoires, 75002 Paris

LA MUSIQUE DANS LE SYSTEME DES ARTS

1 – De l’objet admis au référent nécessaire

10H – ACCUEIL : Andreas Beyer (directeur du Centre allemand d’histoire de l’art/CAHA)

OUVERTURE : Markus Castor (CAHA), Marie-Pauline Martin (CAHA, INHA), Chiara Savettieri (Università di Pisa)

10H30 – INTRODUCTION : Élisabeth Lavezzi (Université de Rennes II)

10H45 – Théodora Psychoyou (Université de Paris IV) Entre arts libéraux et beaux-arts : sur la fortune disciplinaire de la musique à la fin du XVIIe siècle

11H15-11H45 – Débat et pause

11H45 – Maddalena Mazzocut-Mis (Università di Milano) Jean-Baptiste du Bos : l’esthétique de l’acteur entre musique et geste

12H15 – Giuseppe Di Liberti (Accademia di Belle Arti di Sassari, EHESS) Le système des arts comme système des sens chez Diderot

2 – Du référent au modèle

14H45 – INTRODUCTION : Catherine Kintzler (Université de Lille III Charles de Gaulle)

15H – Frédéric Dassas (musée du Louvre) Imitation et crise du modèle au XVIIIe siècle : la musique comme possible voie de salut

15H30 – Philip Robinson (University of Kent) Le chant chez Jean-Jacques Rousseau : critère d’une esthétique tacite

16H – Débat et pause

16H45 – Élisabeth Décultot (CNRS) Musique et faculté de sentir chez Johann Georg Sulzer. Une théorie de l’impact musical dans son contexte européen

17H15 – Jean-François Coz (Université de Paris IV Sorbonne) De l’imitation avant toute chose dans l’Essai sur le perfectionnement des beaux-arts par les sciences exactes (1803) de Révéroni Saint-Cyr

18H – Débat et cocktail

Jeudi 18 février 2010 – Institut national d’histoire de l’art, 2 rue Vivienne, 75002, salle Vasari, 1er étage

LE LANGAGE PITTORESQUE DE LA MUSIQUE

1 – Nature et fortune d’un présupposé au 18e siècle

9H30 – ACCUEIL : Philippe Bordes (INHA, directeur du département des études et de la recherche)

9H35 – INTRODUCTION : Enrico Fubini (Università di Torino)

9H45 – Victoria Llort Llopart (Université de Paris IV) « La musique peint » : signification et conséquences d’une métaphore

10H15 – Patrick Taïeb (Université de Rouen) La Poétique de Lacépède : les présupposés de l’imitation face au répertoire

10H45-11H30 – Débat et pause

11H30 – Cécile Champonnois (Université de Montréal) Le concept d’imitation dans les écrits de Chabanon et son application : le cas de Sabinus

12H – Marian Hobson (Queen Mary University of London) « Tout art d’imitation est fondé sur un mensonge » (Encyclopédie) : musique comme symptôme, musique comme signe dans la théorie des dernières décennies de l’Ancien Régime

2 – L’épreuve de la scène

14H30 – INTRODUCTION : Michel Noiray (CNRS, IRPMF)

14H45 – Raphaëlle Legrand (Université de Paris IV) Du pittoresque dans la symphonie : l’imitation musicale dans les ouvertures de Rameau

15H15 – Béatrice Didier (École normale supérieure) Mimesis et représentation de la nature dans les opéras français du siècle des Lumières

15H45-16H30 – Débat et pause

16H30 – Solveig Serre (Université Paris I, IRPMF) Réunion des arts et contraintes financières : l’élaboration et la réception des opéras à l’Académie royale de musique

17H – Alexandre Dratwicki (Palazzetto Bru-Zane/Centre de musique romantique française) « Aujourd’hui, entendre exécuter un ballet, c’est être au Salon de peinture ». La danse et la question de l’imitation, entre 1780 et 1810

18H – Débat et cocktail (Salle Warburg)

Vendredi 19 février 2010 – Centre allemand d’histoire de l’art, 10 place des Victoires, 75002 Paris

LE GENIE MUSICAL ET LA POETIQUE DE LA PEINTURE

9H30 – INTRODUCTION : Christian Michel (Université de Lausanne)

9H45 – Ulricke Boskamp (Freie Universität Berlin) Contre l’harmonie des couleurs : Caylus, Gautier d’Agoty et le retour à l’ordre dans le coloris

10H15 – Florence Gétreau (CNRS, IRPMF) et Nicole Lallement (CNRS, IRPMF) Le portrait de peintre, l’instrument, la musique

10H45-11H30 – Débat et pause

11H30 – Claudia Denk (Technische Universität München) La codification du génie : hommes de lettres, artistes et musiciens en portrait

12H – Laëtitia Pierre (Université de Paris I, Centre Ledoux)
Le parallèle de la musique et la peinture dans la formation du jugement de goût chez M.-Fr. Dandré-Bardon

UNE ESTHETIQUE EUROPEENNE ? TRANSFERTS ENTRE LA FRANCE, L’ALLEMAGNE ET L’ANGLETERRE

14H30 – INTRODUCTION : Julie Ramos (INHA, Université de Paris I)

14H45 – Maria Semi (Université de Tours, CESR) La beauté du rapport : Hutcheson et Diderot face au plaisir musical

15H15 – Lorenzo Lattanzi (Scuola Normale Superiore di Pisa) La grande absente ? La musique face aux beaux-arts dans le Laokoon de Lessing à partir des sources françaises

15H45-16H30 – Débat et pause

16H30 – Charlotte Morel (Lycée Sidoine Apollinaire, Clermont-Ferrand) Ut musica poiesis. Le principe d’imitation dans la théorie des arts énergiques de J. J. Engel

17H – CONCLUSION ET COCKTAIL