Appel à communications : Chalgrin (1739-1811)

Ce colloque, organisé par les universités Paris Ouest-Nanterre-La Défense, Paris IV-Sorbonne (Centre André Chastel), Bordeaux III et Tours, par les Archives nationales, avec le concours du GHAMU, se déroulera à Paris les 1er, 2 et 3 décembre 2011.

Propositions à adresser à Dominique Massounie ou Basile Baudez avant le 14 juillet 2011


Ce colloque, organisé par les universités Paris Ouest-Nanterre-La Défense, Paris IV-Sorbonne (Centre André Chastel), Bordeaux III et Tours, par les Archives nationales, avec le concours du GHAMU, se déroulera à Paris les 1er, 2 et 3 décembre 2011.

Propositions à adresser à Dominique Massounie ou Basile Baudez avant le 14 juillet 2011:

 dommassounie@aol.com

 basile.baudez@gmail.com

Résumé d’une quinzaine de lignes, en français ou en anglais.

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SESSION 1 – CHALGRIN, L’ŒUVRE, LA CARRIÈRE

Chalgrin, né dans une humble famille de la paroisse Saint-Sulpice en 1739 débuta sa carrière dans l’atelier de Servandoni, qui était alors chargé de la construction du portail de cette église. Il bénéficia durant toute sa vie de cette association, la fortune de son maître ayant beaucoup influé sur les commandes qu’il obtint par la suite et sur sa renommée, puisqu’il acheva le portail de Saint-Sulpice puis une des tours dans l’esprit de son maître. Inscrit à l’Académie d’architecture auprès de Loriot, Chalgrin entra ensuite dans l’atelier de Boullée en 1755. Ce dernier, lui-même élève de Legeay, façonna une partie du talent de notre architecte, qui fut sensible au renouveau du style à l’antique, avant même son voyage en Italie. La formation de Chalgrin l’inscrit dans l’Europe des Lumières : considéré comme l’un des artisans du réveil de l’architecture, endormie par les « errances » du goût rocaille, il était aussi apprécié pour ses solides connaissances techniques, perfectionnées auprès de Moreau, architecte de la Ville de Paris et du Palais-Royal, dont il devint en 1766 le premier inspecteur. La longévité de sa carrière permit par la suite à de nombreux architectes étrangers, italiens et russes notamment, de venir se former dans son atelier exportant le goût français du retour à l’antique dans toute l’Europe jusque dans les années 1830.

Chalgrin accéda à toutes les commandes, privées comme publiques, domestiques comme religieuses, grâce à la protection d’Henri-Léonard Bertin, lieutenant de police de Paris, du comte de Saint-Florentin, secrétaire d’État chargé de la Maison du Roi et du comte de Provence, futur Louis XVIII. Il s’intéressa aussi bien aux édifices antiques qu’aux techniques de construction les plus récentes et au renouvellement de l’enseignement de l’architecture.
Comment classer l’art de Chalgrin au cours d’une carrière si longue et si variée ? Si Chalgrin avait une prédilection personnelle pour l’architecture religieuse, participant aux débats sur l’adaptation de la basilique, il construisit aussi plusieurs habitations pour des particuliers, partie moins connue de son œuvre : maison pour Mme de Langeac, sur les Champs-Élysées, château de Surville, créations qui permettent de connaître ses conceptions en matière de distribution et d’ornementation. L’évocation de la carrière de Chalgrin permettra de mieux évaluer son répertoire, les formules mises au point, éventuellement les transferts culturels entre ses confrères et lui-même, d’aborder comment Chalgrin adapta le style à l’antique avant et après son voyage en Italie, de cerner les différentes tendances qu’il sut créer : des architectures piranésiennes ou palladiennes où imagination et citations antiques se côtoient, de discrètes adaptations du goût grec au style national, en finissant vers une écriture à la sévérité marquée, comme pour l’Arc de l’Etoile.

Chalgrin connut une ascension sociale remarquable, mais la ruine succéda à l’aisance, sans pour autant le priver de commandes. La fortune critique de Chalgrin dépendit en grande partie de sa carrière même et de sa capacité à survivre à la Révolution, lui qui réussit à devenir un architecte recherché du Directoire, du Consulat et de l’Empire. Son intervention au Luxembourg, d’abord dans l’apanage du comte de Provence, puis comme siège du Directoire exécutif à aménager, témoigne de la continuité des maîtres d’œuvres, si ce n’est des projets, au cours de la Révolution. Il sut également mettre au service des nouveaux régimes républicains son talent de constructeur de décors éphémères, pour répondre aux nouveaux besoins de fêtes collectives. Sous l’Empire et la Restauration, il était considéré par ses anciens élèves avec nostalgie, comme le dernier des architectes universels, au moment où l’architecture semble connaître une crise majeure, autour du style mais aussi autour de sa définition même d’art libéral.

SESSION 2 – LES RÉVOLUTIONS DU MÉTIER D’ARCHITECTE : INSTITUTIONS, RÉSEAUX, RÉMUNÉRATIONS

Contrairement à la génération des architectes de la découverte de l’archéologie romaine qui côtoyèrent Piranèse puis essaimèrent dans toute l’Europe le goût du retour à l’antique, la génération des architectes nés autour de 1740 qui exercèrent avant et après la Révolution française a peu bénéficié des progrès de l’historiographie sur l’architecture des Lumières de ces trente dernières années. Il est temps de réfléchir le temps d’un colloque sur les révolutions du métier d’architecte entre la fin de l’Ancien Régime et le retour des Bourbons. Formés pour la plupart à l’Académie royale d’architecture par les Blondel, Boullée, Marie-Joseph Peyre, Soufflot ou Le Carpentier, employés dans les Bâtiments du roi, ces architectes partagent certes une culture commune, mais exercent leur métier de manière bien différente. La Révolution qui balaya la clientèle aristocratique marqua un arrêt brutal pour certains, comme Moreau, Mique, Barré, Bélanger, Pâris ou Ledoux, ou permit à d’autres, bien plus nombreux, de s’insérer dans les nouvelles structures administratives et sociales nées des décombres de l’Ancien Régime, comme Chalgrin, Peyre le Jeune, Huvé, Brongniart, Legrand, Molinos, Crucy, Rondelet, Heurtier ou Poyet. Il conviendra dans cette session de questionner les permanences et les ruptures occasionnées par la Révolution française dans la profession architecturale marquée de plus en plus par une séparation entre la pratique privée et l’emploi administratif.

SESSION 3 – 1770-1815 – QUESTIONS DE STYLE ET RENOUVEAU DES PROGRAMMES

L’héritage des architectes du goût « à la Grecque » – De Wailly, Gabriel, Potain, Legeay, Victor Louis, Desmaisons, Moreau ou encore Trouard – semble procurer à la génération suivante les bases d’une grande liberté d’invention dans le cadre de grandes commandes institutionnelles comme dans celui de l’architecture domestique. Claude-Nicolas Ledoux montre l’exemple, tant par la variété et le nombre ses commanditaires, que par la nouveauté de son architecture. Les commandes d’État et des institutions provinciales favorisent le renouvellement des programmes urbains – places, édifices commerciaux, propylées -, les spéculateurs contribuent à la modernisation de l’habitat et à l’invention de nouvelles formes urbaines – lotissement, quartiers neufs autour du théâtre -, les princes et grands financiers offrent aux architectes, dans le cadre du jardin, une terre d’expérience sans égale.

L’étude des grands monuments et des villes antiques se poursuit, tandis que de nombreuses expéditions conduisent les architectes et les artistes encore un peu plus loin vers l’Orient. La variété des modèles n’a jamais été aussi grande. Pourtant le rapport à l’antique semble différent de celui que les piranésiens entretenaient avec les œuvres des Anciens. Il conviendra d’examiner les œuvres de ces quarante cinq années, toutes indifféremment qualifiées de néoclassiques, dans une perspective comparatiste, de manière à réévaluer ce que recouvrent réellement les appellations stylistiques liés aux périodes historiques, les styles Louis XVI, Directoire et Empire, ainsi que le terme très vague de néoclassicisme.