Tome III – Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806)

Références

Daniel Rabreau, Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806). L’architecture et les fastes du temps, coll. Annales du Centre Ledoux, t. III, Paris-Bordeaux, éd. William Blake and Co Art & Arts, 2000.

format 24×17 cm
430 pages
302 planches n&b, hors texte
ISBN : 2-911059-16-6
prix : 51,83 €

Publication éditée en 2000 par le Centre Ledoux en collaboration avec le GHAMU, avec le concours de la région Aquitaine, de la subvention du CNL et du BQR de Paris 1.


« L’artiste démontre son caractère dans ses ouvrages », écrit Ledoux, qui poursuit : « les événements, suivant la manière dont il est affecté, l’exaltent ou l’anéantissent ». On aurait tort de s’autoriser de cette citation pour croire que la finalité de l’art, selon Ledoux, n’est que l’expression du moi le plus profond. L’aveu de l’architecte est toujours à rapprocher du célèbre aphorisme de Buffon, « le style est l’homme même », qui désigne la part personnelle, interprétative, de la démarche créatrice jugée à l’aune des préceptes classiques. Après plus de trente ans d’une carrière de bâtisseur exceptionnellement riche en chantiers, Ledoux souhaita offrir un message à la postérité et publia, peu avant sa mort, un ouvrage au texte copieux et magnifiquement illustré : l’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation (1804).

Ce titre, explicite, annonce une réflexion sur l’étendue sociale et politique de l’art de l’architecture. Pourquoi ? De quelle motivation profonde ou, au contraire, de quel semblant de justification ce testament (il est unique dans la littérature d’architecture) témoigne-t-il, en affichant cette parité entre le domaine de la création artistique et le vaste champ de l’anthropologie ou de l’histoire de l’humanité ? Philosophe, mais avant tout artiste-architecte qui revendique le recours à la libre imagination, Ledoux témoigne-t-il pour rendre compte de son œuvre édifiée dans la pierre ou projeté sur le papier, ou bien pour léguer à la postérité l’image d’une trajectoire artistique combative et d’une création idéale où le classicisme universel, réactivé et lancé vers l’avenir, apparaîtrait vainqueur ? L’attitude commune à Ledoux et aux artistes de son temps peut s’expliquer par l’approche des valeurs séculaires attribués à l’usage des ordres antiques, véritable langage dont il cherche la raison d’être à l’origine. A cet égard, Ledoux s’inscrit comme disciple et de Palladio et de Piranèse, mais il s’adresse aux « enfants d’Apollon », favorisés comme lui par l’esprit des lumières, dans un style parfois fracassant qui n’appartient qu’à lui. L’appel à la libre imagination (de l’artiste, du public) est un de ses leitmotive. Entre l’imitation de la Nature et la réinterprétation de l’Antiquité (l’époque de Ledoux découvre enfin concrètement l’art grec), une voie inconnue et redoutée par certains, vers la créativité moderne semblait pouvoir offrir le beau rôle à cette discipline de la science que le siècle des philosophes, naturalistes et relativistes, libère de la métaphysique : l’esthétique. Comment l’architecte traça-t-il cette voie qui doit conduire au « progrès des arts », ce nouveau culte qu’il appelle de toute sa ferveur ?

Sous-titré l’Architecture et les fastes du temps, ce livre consacré à Ledoux est moins une monographie, au sens habituel du mot (la vie, l’œuvre, l’art) qu’un essai d’histoire de l’art sur l’un des grands architectes de l’histoire des temps modernes. Dans une approche contextuelle, particulièrement développée, il s’appuie initialement sur les questions posées ci-dessus, éternelles : comment, pourquoi créer des formes nouvelles ? Il souhaite illustrer une certaine conception de l’histoire de l’art dans l’approche culturelle du passé.

Sommaire de l’ouvrage :

AVANT-PROPOS

PROLOGUE

Questions stylistiques et méthode historique

Notions de Palladianisme et de Classicisme

Notions de Piranésisme et d’imagination architecturale

Dramaturgie imagée et théâtromanie sociale

Ledoux et les défaillances de l’histoire

Historiographie ledolcienne

Théorie architecturale et « Ut pictura poesis »

Renouveau classique et « goût à la grecque »

L’exercice biographique

I – DE L’ORACLE DU GOÛT À L’ARCHITECTURE PARLANTE

CHAPITRE 1

L’homme de l’art, architecte à la mode

La jeunesse d’Amphion

Le Café militaire

Famille et fonction publique

La carrière ascendante d’un architecte à la mode

Le château de Maupertuis

Les hôtels d’Hallwyl, d’Uzès, de Montmorency

Le château de Bénouville

L’hôtel de Mlle Guimard

Le pavillon de Louveciennes

Sources d’inspiration et caractères de la demeure ledolcienne

Reconnaissance britannique, anglomanie ledolcienne ?

CHAPITRE 2

L’architecte du roi, maître d’œuvre de la Saline d’Arc-et-Senans

Des projets pour Mme Du Barry à l’Académie

La genèse de la Saline Royale : un projet idéal

L’Economie et le Progrès mis en scène

Les acteurs et les perspectives du projet

La présentation du projet et le programme in situ

Les différents projets ou « desseins »

L’architecture de la Saline, métamorphose du Progrès

Une grotte apollinienne, symbole de l’espace rayonnant

Dramaturgie en perspective et formes épurées de l’art

CHAPITRE 3

Arts et Lumières en Province

A travers champs

Le Théâtre de Besançon

La réforme des lieux de spectacle

Genèse du projet et théâtromanie urbaine

L’architecture théâtrale selon Ledoux

Destin d’un chef-d’œuvre massacré

Une assemblée « éclairée » chez le chef des Muses

Vision de l’imaginaire et théorie de l’art

Projets et chantiers en Provence

Théâtre et urbanisme à Marseille

Les caractères d’un grand théâtre-temple

Le Palais et la prison d’Aix-en-Provence : acteurs et intrigues

Les vicissitudes du chantier

Le programme du décor sculpté

L’Architecture du culte de Thémis : le temple et la prison

Dramaturgie historique ou art urbain total

Un monument public à Compiègne, un séjour de l’aristocratie à Bourneville

CHAPITRE 4

La République des arts : Paris

L’hôtel Thélusson

Promenade et habitat-spectacle

L’habitat-paysager et l’architecte-peintre

Le cadre figuratif de la nature en ville, séjour de Vénus

Nature et loisirs citadins

Les maisons Hosten et la ferme Saint-Lazare

L’appel de l’étranger : projets pour Cassel et Neuchâtel

Les séjours de Plutus : la banque, la bourse, l’hôtel de la Ferme générale

Le mur des Fermiers généraux

Le plus grand chantier du siècle

L’architecture urbaine, instrument politique

Le programme pragmatique et idéal de l’enceinte moderne

Des monuments aux vertus et aux jouissances civiques

L’histoire du chantier

Le mur et les barrières d’octroi après 1789

L’iconographie parlante des dessins

II – LES PROPYLÉES ET LE STYLE PARLANT DE L’HISTOIRE

CHAPITRE 1

Les témoignages de l’inspiration ledolcienne

CHAPITRE 2

Une esthétique des rapports contrastés

Le programme et sa dialectique

Peines et plaisirs, contrastes et pendants

Le parti des Propylées : unité et variété

Géométrie et composition : le rapport plan/élévation

Esquisse typologique des pavillons des barrières

Le jeu dynamique des effets

Du monumental au pittoresque : apologie du goût

Des tableaux dans l’espace : nature, matériaux et coloris

Normes constructives, structures et symboles

CHAPITRE 3

Les attendus de la critique : de l’Histoire et du Style

La critique et le symbole : un goût français

Hérédité et liberté créatrice : l’Histoire instrumentale

L’anti-Ledoux : Quatremère de Quincy

La plaidoirie de Ledoux : l’imagination contre l’imitation

La hiérarchie emblématique : embellir et dire la ville

CHAPITRE 4

Le style pavillonnaire « à la française »

Deux entrées royales : l’Étoile et le Trône

Description : barrières choisies par Legrand et Landon

Architecture savante et Nature parlante : tendances ledolciennes évolutives

Effets de composition

Effets syntaxiques

Le décor sculpté

Textures, lumière et polychromie

Le « brique et pierre » : retour aux sources nationales

La pierre, en sublimes assemblages

De Laugier à Ledoux : l’architecture idiomatique

Un style « gallo-grec » ?

Architecture royale et nationale

Par analogie au « grand genre » : l’architecture d’Histoire

III – L’ARTISTE

CHAPITRE 1

Le testament et le grand œuvre

Inventaire après décès

Suspect politique, artiste proscrit et deuils

L’architecte patriote

Le livre de Ledoux

Lacunes, prospective et parodie

Notion de classicisme ledolcien

CHAPITRE 2

La vie académique et la noblesse de l’art

Ledoux académicien, critique et révolté

Fonctions et exercice académiques

Les élèves de Ledoux

Une tendance anti-ledolcienne : le recueil de Durand

La fortune de la sensibilité et du dessein ledolciens

Ledoux sous la Terreur

L’homme de mérite et l’anoblissement artistique

Le patron d’agence et l’homme des chantiers

CHAPITRE 3

Le jardin secret

Ledoux, de l’héroïsme aristocratique à la métaphysique de l’architecture

Spiritualité et pensée maçonnique

L’architecte et l’auteur de Vathek

Ledoux mystagogue

CHAPITRE 4

L’aède moderne et l’utopie

Les monuments intentionnels du civisme

L’Amour et l’architecture parlante

L’architecture sous le rapport de la sculpture

De l’image livresque à l’imaginaire artistique

Ledoux écrivain

Le poète épique

Le conteur : pittoresque et moraliste

– Le forgeron

– Le lourdaud puni

– Premier tableau : la bacchanale rustique

– Deuxième tableau : le nageur désirable

– Troisième tableau : le capucin colporteur

Un nouvel Éden : la ville atomisée à la campagne

L’Homme social, initié au bonheur

BIBLIOGRAPHIE

INDEX

PLANCHES